Après avoir annoncer que je m’apprêtais à partir pour 1 an en vélo, les personnes que je rencontrais m’assaillaient de questionnements diverses. L’une d’elle, récurrente, était « mais tu n’a pas peur? » . Et selon chacun, elle prenait différentes variantes « tu n’as pas peur en étant une femme seule » ou « tu n’as pas peur de ne pas savoir ou dormir » ou « tu n’as pas peur de ne pas connaitre ton l’itinéraire » et ou encore et je crois une des plus bizarre « mais où tu vas acheter à manger ». Derrière tous cela beaucoup de négativité et une base commune : la peur.
Ma réponse était donc toujours la même: NON, quelque soit la variante de l’interrogation.
La plus part du temps, j’éludais les questions et quand je ne pouvais pas, désolé de vous le dire mais j’ai menti. La raison, tout simplement je n’avais pas envie de devoir me justifier de mes choix en permanence. Je devais me protéger psychologiquement.
Pour vous expliquer et pour remettre les choses dans leur contexte, émotionnellement et même si c’est toujours le cas, j’étais très fragile. Je captais sans cesse les émotions d’autrui en plus des miennes. Ma boussole interne était complètement à l’ouest, faisant perpétuellement des montées et des descentes émotives. J’en avais clairement le tournis.
Les personnes interrogatrices ne se rendaient pas compte mais leurs questions n’étaient pas directement pour moi. Effectivement, les gens exprimaient leur propres peurs et donc ma réponse ne les intéressait pas vraiment.
Quand on est en face à de la peur, l’irrationnel prend le dessus. Le peu de fois où j’ai du m’exprimer sur le pourquoi de mes choix, ça tournait au dialogue de sourd où je devais me défendre et en plus, absorber les émotions des personnes en face. Autant vous dire que pour une hypersensible comme moi, j’étais littéralement submergée. La finalité prenait souvent 2 formes soit ça tournait aux crises de larmes à n’en plus finir (parfois pendant des heures) soit à la colère. Pas facile quoi et vraiment pas constructif pour le coup.
Toute cette pression reçue (sans le vouloir, je précise) a favorisé ma hâte de partir, je ne la supportais plus.
Les mots ont leur poids. Et à ce moment là, ce poids, je le subissait de plein fouet.
Mais revenons à l’instant présent et au voyage. Evidement comme tout être humain, j’ai peur. Et non pour ceux et celles qui le pensaient, je ne suis pas surhumaine, même loin mais alors loin de là. Au début du périple, j’étais comme une cocotte minute émotionnelle sur le point d’exploser.
A tel point qu’une nuit au début du voyage quelque part en Bretagne dans un refuge de randonneurs où je dormais, je me suis mise à littéralement paniquer pour absolument rien du tout. J’étais seule dans un bâtiment, en sécurité et en France, mon propre pays quand même.
Ma frayeur : que quelqu’un rentre dans la nuit et que je l’entende pas. Oui je sais, stupide comme crainte mais que voulez vous, on fait ce que l’on peut avec ce que l’on a. Moi, une des mes peurs, complètement irrationnelle, est liée aux contacts avec les autres êtres humains. Bizarre, je sais mais chacun ses tares et ses combats.
Bref, je flippais tellement que dans mon sommeil, je me suis mise à avoir des sueurs nocturnes, alors qu’il faisait entre 0° et 5°. Je me suis réveillée littéralement trempée de la tête au pied, à même devoir changer mes vêtements. Tout cela pour des films d’horreur qui se passaient uniquement dans ma propre tête. L’inconscient est vraiment quelque chose de très puissant. Et clairement en voyage, sur cette facette de ma personnalité, je me dépasse littéralement.
Avoir des peurs c’est naturel et évidement que j’appréhendais d’être seule en permanence, d’avoir des moments de solitude, de pas trouver de l’aide si j’étais en difficulté, de m’inquiéter du futur, d’être en contact avec des bêtes sauvages, d’être confrontée à des personnes dangereuses…ect. Mais, et je m’accroche à cela, je ne veux pas me laisser dominer par les craintes. Quand je galère, la première chose que je m’impose c’est d’inspirer et expirer profondément plusieurs fois, puis je rationalise, je me parle à moi même (même si on me prend pour une folle), je me rassure et surtout je me dis de rester calme. Je prend le temps qu’il faut. J’observe la scène, un peu comme si j’étais en dessus de mon corps et la plus part du temps cette frayeur s’estompe et passe toute seule.
Le peur sera toujours là, elle ne disparaitra jamais et apprendre à l’appréhender c’est déjà la première étape pour pouvoir avancer. Petit pas par petit pas.
Vous aussi vous avez des peurs qui vous empêchent d’avancer ? Quelle sont elles ? Et est ce que vous arriver à les appréhender et les dépasser ?
« Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de vaincre ce qui fait peur » (mandela)
C’est beau comme phrase. Il savait vraiment manipuler les mots.