A Świnoujście en Pologne sous mes roues, la route a recommencé à défiler. J’avais hâte, je m’en étais pas rendu compte avant mais j’avais besoin de ce mouvement.
En Suède, mon corps a été comme vidé de son énergie mais rempli d’obligation dont je n’étais pas prête à accueillir. Obligation de cet engagement de volontariat via Workaway que je n’étais peut être pas prête à admettre. Obligation d’une certaine forme de responsabilité vis à vis d’animaux qui n’étaient pas les miens. Obligation de rester statique. Obligation d’attendre.
Mon esprit ne désirait qu’une seule chose, rouler, rouler et encore rouler. Donc quand enfin j’ai pu reposer mes fesses sur ma selle de vélo et re entamer ce premier coup de pédale, un sourire béat c’est clairement affiché sur mon visage. J’étais de nouveau à ma place, survoltée, impatiente mais j’avais aussi peur.
Effectivement peur car sur 3 pays que je venais de traverser, l’Allemange, le Danemark et la Suède, je n’en ai aimé qu’un seul le Danemark. Et qui dis peur, dis un million de questions, je sais je réfléchis beaucoup trop. Et dans les millions de questionnements me traversant la tête, il y avait celles ci : et si je n’aime pas la Pologne et les autres pays? Est ce que je fais bien de continuer voyage? Ai je raison de continuer? Pourquoi je suis ici, d’ailleurs? Qu’est ce que j’attend? Est ce que je vais y arriver? …
Clairement, je commençais à paniquer et on peut le dire pour des probabilités. Donc en toute logique je me suis dit : « STOP ! Louise, arrête de partir dans des affabulations. Le future n’est pas écrit et si ça va pas et bien on changera et c’est tout, les trains ça existe, tu bougeras. »
Et donc devinez ce qui c’est passé : j’ai adoré la Pologne. Pas pour les paysages mais pour les gens. Premier jour, premiers kilomètres, première rencontre. Un couple en vélo évidement mais de route faisait leur balade, on se croise au détour d’une intersection, on discute sur la pratique du vélo, le voyage, de tout et de rien. Un bien fou pour moi et surtout la voilà ma réponse : je fais bien de repartir, rien que pour ces moments.
Mais comme on dit la vie n’est pas un long fleuve tranquille et la Pologne va me mettre à rude épreuve psychologiquement, même si j’ai l’impression que c’est plutôt une continuité de mon état « Suédois ». En effet, mettre des mots exacts sur le passage dans ce pays n’est pas chose aisée. Peut être faut il du temps. Du temps pour digérer ces évènements afin de mieux les expliquer, je ne sais pas. En tout cas quand je pense à la Suède, je ressens une profonde envie de dormir, de froid, d’effort et de tristesse. Donc même si j’étais hyper heureuse de repédaler, la motivation s’était comme essoufflée par rapport au début du voyage. Et j’avais l’impression de me devoir battre pour retrouver un nouveau souffle, c’est là que les ennuis ont commencé.
En effet, j’ai des problèmes de bassin dû à l’accident qui sont réapparus en Suède et qui persistait en Pologne ensuite une dent a décidé qu’elle ne jouerais plus faire son rôle de mastication. Puis au milieu de ce capharnaüm physique c’est le matériel qui a décidée de faire des siennes, mon matelas m’a lâchement abandonner (le 2ème depuis le début du voyage).
Ensuite un fois la frontière avec la Pologne passé, les ennuis ont continué en République tchèque avec une déshydratation / insolation qui m’ont fragilisées et entrainé une petite infection sur mon lymphoedème, un érysipèle. Oui la loose, on peut le dire et tout cela en seulement 3 semaines. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
Néanmoins et heureusement, je suis quelqu’un de pro active. Problème = solution.
Donc dans l’ordre d’apparition, en premier les problèmes de dos. Seule position où je n’avais pas de douleur, je vous le donne dans le mille : à vélo. Toutes les autres, ça coinçait. Donc solution, acheter une chaise pour m’asseoir, reposer mon dos et trouver un ostéopathe. Au final, j’ai la chaise, et clairement en plein mois de juillet ce n’était pas une mince affaire que d’en trouver une, croyez moi. Mais coté osthéo, je n’ai pas pris de rendez-vous car me sentant mieux, j’ai décidé de voir un praticien à mon retour en France. Je pense que le vélo m’a remusclée et pour l’instant pas ou peu de douleur subsiste.
Ensuite le matelas, clairement pour le 3ème de ce voyage, le choix c’est porté sur « pas cher » et Décathlon et rien de plus facile : commande sur internet et réception en magasin grâce au click and collect.
Après, la dent et là ça mérite la petite histoire.
Donc, on est un samedi banal malgré qu’il est entrain de pleuvoir et que cela durera toute la journée. Mais je m’en fiche car ce soir je dors chez des hôtes Polonais donc une douche chaude m’attend et comme je reste 2 nuits, je pourrais lancer une lessive. Par conséquent, il peut pleuvoir autant que vous voulez, j’en ai rien à faire d’être trempée. Ça, c’était mon mood de la matinée puis vient le midi. Je trouve une petite supérette, ils ont des sandwichs, impeccable. Je mange tranquille sous un abris bus, oui il pleut toujours. Et là, j’entend et je sens un gros Clac dans ma bouche, puis irradiation d’un froid glacial et de sensations d’aiguilles dans ma mâchoire. Fuck!!!!! Aussi, pour bien comprendre le sandwich est composé évidement de pain, pas français mais bien polonais donc mou, très mou. Et précision mes dents n’ont pas claquées entre elles. Doublement Fuck! Désolé mais c’est ma première réflexion.
Au bout de quelques temps, la douleur s’atténue. De plus manger à gauche est impossible et quand je bois c’est douloureux. Mais heureusement, si je ne bois pas et que je mange pas rien n’a signalé. Bon, je suis pas sur que ce soit une bonne nouvelle mais j’essaye de regarder le positif.
Deuxième réflexion, peut être que ça passera, je croise les doigts. Oui si vous en doutiez, je suis optimiste de nature.
Pour information, Marta, mon hôte me laissait son appartement étant actuellement en voyage vélo. Ses parents, habitant la même ville m’ont accueillis mais ne parlant que polonais c’est leur petite fille Irlando-polonaise, en vacances chez eux qui faisait la traduction, pas simple.
Puis le dimanche soir, après moult réflexions je me dis que je joue un peu avec le feu. La douleur est toujours là et clairement elle a pas l’air de vouloir partir. Je ne pense pas pouvoir échappé au dentiste (je déteste les dentistes) si je veux continuer sereinement mon voyage. Les polonais parlant très peu anglais, je décide d’aller voir les parents de Marta le lundi matin pour appeler un médecin. On est le 1 er aout, je choisis bien mon moment.
Après quelques péripéties, plusieurs appels à différents dentistes, en vacances évidement, on réussi à prendre un rendez vous pour le jour même. Hourra!
Après une radio et une consultation que le praticien ne voudra pas que je paye. Autre chance je commence à parler anglais, lui ne parle que peu l’anglais mais me demande mes papiers d’identité. Voyant que je suis française il commence à me parler français et préfère cette langue à l’anglais, incroyable jamais personne ne parle français. Et autant dire que moi aussi je préfrère parler ma langue maternelle, c’est quand même bien plus facile. Pour finir, j’en ressors avec une ordonnance pour des antibiotiques. Le problème se situe plus exactement au niveau de la gencive autour de ma dent couronnée donc dévitalisée, il ne voit pas de problème et me dis de surveiller au bout des 5 jours d’antibio.
Aujourd’hui, ces fameux 5 jours sont clairement passés et c’est pas guéris. Donc je ne mange plus à gauche et quand je bois, il y a des sensations anormales mais si je n’y touche pas, plus de douleurs. Mon propre diagnostic, faire attention et prendre rendez vous chez mon dentiste en France et si ça va mal je prendrais un avion en urgence.
Le positif dans toute cette histoire, ce sont les gens. Que ce soit la famille de Marta ou les dentistes (à mettre une croix dans le calendrier, très rares que j’avoue cela), ils ont été adorables. A vraiment vouloir m’aider. Et dans ces situations où on est seule cela fait chaud au coeur de sentir que au final on est entouré de personnes bienveillantes.
Les polonais m’ont donnés envie de revenir visiter leur pays et je suis sure que je reviendrais.
Et pour continuer dans les tribulations, enfin pour le moment, il y a une quinzaine de jours maintenant, après 3 jours entre 30 et 36 degrés, à boire 6 litres d’eau par jour, à porter une casquette plus mon casque, j’arrivais à Prague par 80 km de belles collines, toute contente. J’attendais de visiter cette ville depuis des années. Donc tout naturellement le soir, après une bonne douche, je me partais balader dans les rues en flânant et surtout en recherche de nourriture, il faut l’avouer. Une fois repu, je décidais de rentrer dans mon dortoir. Je étais fatiguée et lendemain était un autre jour pour visiter la ville. En enlevant mes contentions, je remarquais une tache rouge sur ma cuisse que je n’avais pas remarquer sous la douche. Pourtant celle-ci était bien nue, je n’ai pas l’habitude de me doucher habillée, je devais être distraite. Mais c’était clairement pas un bon signe.
Enfaite, la rougeur sur ma jambe correspondais à une petite infection appelée érysipèle (un précédent article vous informe sur ce que c’est). En cas similaire, j’ai mon protocole donc prise d’antibiotiques, évidement toujours avec moi et repos. Par conséquent j’entamais mon traitement (et je tiens à rappeler que tout cela est en accord avec mon médecin). Je me couchais en me disant que les prochains jours allaient être un peu compromis. Et comme jamais 2 sans 3, je me réveillais le lendemain, migraine énorme, je descendais de mon lit superposé de 3 étages (le mien: le plus haut évidemment), j’avais envie de m’évanouir. Fuck! Oui encore.
Mais, et comme, j’ai une petite tendance à cumuler les problèmes, j’était enfaite en déshydratation. Mes lèvres étaient hyper gercées, j’avais la tête qui tourne, des nausées et une migraine carabinée. Clairement pas au top de sa forme la Louise. Finalement, je resterais 4 nuits dans la ville mais une grosse partie du temps alitée et je repartirais sans l’avoir visité. Mais je reviendrais, plus tard, promis.
Effectivement, ce départ c’est tout simplement car je m’offre un cadeau pour ce voyage mais il est à Budapest et j’y ai un rendez vous pour le 7 septembre donc je ne peux pas me permettre de perdre trop de temps. Par conséquent, on the road again.
De plus pour vous apporter des éclaircissements, la cause de l’infection est multi factorielle. En effet, le combo déshydratation et beaucoup de kilomètres avec dénivelé important sur plusieurs jours d’affilés m’a affaibli. Mes muscles sur la cuisse droite ont pris un peu cher, la gauche, elle, va très bien comme toujours. Par conséquent et tout naturellement le streptocoque c’est dit «youpi elle est faible, ATTAQUE !!!!!!! ».
Et c’est pourquoi après plusieurs jours en ayant du mal à guérir, j’ai décidé de quitter la République tchèque en train pour débarquer à Brastilava en Slovaquie et me reposer 6 jours.
Faire un érysipèle a des conséquences. Cela me fragilise et donc potentiellement je peux en faire un autre plus facilement. C’est un peu comme un cercle vicieux. Pour contrer cela, je dois faire attention, ne pas pousser, me reposer, dormir beaucoup, me renforcer. Tout cela prend du temps et il est important de ne pas bruler les étapes. Néanmoins, plus facile à dire qu’a faire et comme je ne suis pas la personne la plus patiente au monde, autant dire que je me fais un peu violence. Mais par expérience, malheureusement, je sais que si je continue de pousser le bouchon cela ne va faire qu’empirer donc patience est maitre mot.
Au début de cet article je vous faisais part de mes inquiétudes au sujet d’apprécier ou non les pays que je traverserais. La réponse à ces interrogations est que j’ai adoré la Pologne, la République tchèque. Donc je suis heureuse. Mais et surtout je suis aussi capable de dire que non je n’ai pas aimé tel ou tel pays. Certes pas pour des raisons évidentes mais je sais au plus profond de moi que non je n’ai pas aimé et c’est ok.
On a le droit d’aller quelque part de pas apprécier mais de pas comprendre pourquoi. Peut être que l’on comprendra plus tard, qui sait ?
